D'ordinaire je commence toujours par quelque chose dans le genre : installez-vous sur un fauteuil, revenez après avoir bu un verre ou tout simplement courage voici ma présentation. Ici je me contenterai de vous dire faites attention ce qui suit peut être dangereux. Il peut vous ouvrir les yeux sur des vérités, vous faire comprendre ce que vous valez vraiment. Alors si vous avez des doutes ne lisez pas ce qui suit. Ne lisez pas et enfuyez-vous maintenant.

Mais ne commençons pas avec des découvertes palpitantes. Toute vie n’est pas emplie de suspens et de rebondissements, toute vie n’est pas exaltante du début à la fin.

Mon histoire débute par ma naissance. J’aurai voulu la commencer par ma mort, hélas et heureusement cette dernière n’étant pas programmée vous devrez vous contenter d’un début classique. Logique, me direz-vous, de toute façon il faut toujours débuter par le début. Mais la mort n’est-elle pas le véritable commencement ? Peut-être que ces années-là où nous vieillissons, où notre peau se flétrit, où nos dents jaunissent, où nos cheveux blanchissent avant de disparaître, peut-être que ces années-là ne sont que l’introduction à un grand livre empli de souffrance. J’hésite avant de former une autre phrase, un autre mot. Tout cela est bien noir ma fois, trop noir pour moi qui suis habituée à vivre dans la lumière. J’hésite avant de continuer… Peut-être que si nous sommes en vie c’est pour porter la souffrance des dieux. Peut-être que nous ne sommes que les jouets chargés de les divertir, les marionnettes avec lesquelles ils expriment leurs fantasmes… ah quel théâtre humain nous formons ! Chaque jour ils nous délaissent un peu plus. Et lorsqu’ils nous connaissent par cœur, lorsque nous n’avons plus aucun secret pour eux alors ils nous laissent moisir dans cette souffrance toujours plus intense jusqu’au moment où ils estiment qu’il est grand temps de placer leur fardeau sur les épaules de quelqu’un d’autre. Nous sommes les Atlas de l’ère moderne, les porteurs de souffrance divine. Les dieux nous offrent alors le privilège de venir les aduler. Ils nous forcent à ramper lorsqu’on sent leur présence, nous enseignent l’amour qu’on leur doit pour nous avoir permis de vivre sur ce paradis qu’est la terre… Mais j’aime à penser que je suis imprévisible, qu’ils ne se lasseront jamais de moi, qu’ils ne me connaîtront jamais suffisamment pour me laisser vieillir… Quoiqu’il en soit si un jour on m’offre le droit de les voir vivante je me ferai une joie de leur crier d’aller au diable. Ca ne fait que trop longtemps qu’ils nous empoisonnent avec leurs mensonges ! Mais je m’écarte du sujet… Ma plume écrit, mon cœur parle, mon cerveau s’est déconnecté. Croyez-vous donc toujours qu’il est logique de commencer par la naissance ? Et de quelle naissance parler ? Car qui vous prouve qu’en fait nous ne sommes pas tous les songes d’un esprit malade ? Mais là encore ce n’est point notre sujet donc commençons réellement mon histoire voulez-vous ?

Je n’irai pas jusqu’à dire que ma naissance fit les grands titres néanmoins j’eus le droit à un article qui m’était exclusivement destiné. Il n’y a que des avantages à naître d’une famille riche détenant toutes ou presque les grandes firmes faisant la puissance d’un état. Avec l’argent qu’ils avaient, j’héritais d’une retraite dorée sans travailler et ce dès que ma mère me mit au monde. Elle était une petite femme dépourvue d’intelligence, fait qu’elle compensait en étant dotée d’une grande beauté… D’ailleurs ce n’est que pour ça que Père l’a épousé. Ma mère était trop généreuse, trop crédule, trop naïve. C’était le genre de femmes prêtes à dépenser des millions d’euros pour une œuvre caritative du genre « Pour que tous les noirs ai un ours en peluche pour dormir. » ou encore « pour que les français cessent de nous envoyer leurs fromages aux répugnantes moisissures. » (quoique là c’est une bonne action… il suffit de voir le Bresse-bleu et le roquefort… Comment des gens civilisés peuvent-ils manger cela sans faire de crise d’indigestion ? Tiens ça sera ma prochaine insulte. Espèce de roquefort va !) Quant à Père ! Ah Père !!! De loin le père idéal. A savoir : riche, beau, intelligent et cruel. Mais je vous en reparlerai plus tard histoire de conserver un minimum de structure dans mon long monologue. Aussi lorsque j’appris que Père battait sa femme je ne réagis pas. Elle n’avait que ce qu’elle méritait n’est-ce pas ?

A mes cinq ans ma mère me mit au catéchisme. « Priez Dieu et vous irez au Paradis ! Priez Dieu et vous aurez le droit à votre pain quotidien. Priez Dieu mes enfants, priez Dieu et allez à la messe alors vous serez des Hommes honorables ! » La religion est la science des incultes. Maudissez-moi si vous le désirez pou cela. J’aime qu’on me déteste. Le Paradis, je vous l’ai déjà dit, pour moi n’est qu’une utopie. Alors qu’est-ce que j’en ai à faire de la noirceur de mon âme et de ce mensonge de rédemption ? Je n’agis et je n’agirai toujours que pour moi. La vie des autres ne m’a jamais intéressé. Adulez-moi. Ma philosophie est bien plus crédible que ce que les religieux vous fourrent dans le crâne ! Déjà lorsque j’étais jeune je songeais que ce qu’on nous enseignait n’était que du pipo, des histoires pour forcer l’homme à se civiliser. Mais la force de l’homme n’est-elle pas dans la sauvagerie ? L’homme est né pour dominer et non pour se comporter en chien fidèle. Et pourtant je ne disais rien. A l’époque je n’étais pas encore la peste que je suis devenue. Je me devais de tenir l’image de la gentille petite fille modèle. Je devais montrer aux gens la valeur des Mortador ! Ainsi j’appris quelle fourchette utilisée pour quel plat, la façon dont je devais me tenir et marcher, le vocabulaire que je devais employer, la façon dont je devais m’habiller, la manière dont je devais courtiser les garçons, cette dernière partie étant de loin la plus amusante.

Père et mère, milliardaires de leurs personnes, avaient toujours été LES personnes à inviter. A douze ans j’eus le droit de les accompagner pour la première fois dans les banquets. Qu’il était amusant de voir la tête des autres invités lorsque le majordome nous annonça ! Ma mère était de loin la plus belle des femmes ainsi était-il normal de voir les regards avides que les autres hommes lui lançaient (mais elle était tellement stupide qu’elle préférait rester avec un mari qui la frappait. A moins simplement qu’elle n’avait pas le courage de s’enfuir). Mais je rappelle encore des regards curieux et légèrement provocateurs qu’on me lançait. A croire que les gens de la haute n’avait aucun savoir-vivre. Je rentrerai bien un peu plus dans les détails mais je doute que ce soit utile. Si je devais m’arrêter sur tous les détails de ma vie jusqu’à ce jour nous n’en finirions point.

A 15 ans ma mère fut retrouvée morte sur le trottoir en bas de chez nous baignant dans une mare de sang. Je savais ce qu’il s’était passé mais là encore je n’en éprouvais nul regret. Il y eut une enquête. Père fut traîné en justice mais on le défendit si bien que l’on prétendit que ma mère s’était simplement suicidée… à moins que ce soit son argent qui l’ai acquitté… Combien d’hommes peuvent résister à faire fortune au simple prix d’un procès truqué ? Combien d’hommes sont assez stupides pour se mettre à dos l’homme le plus influent du pays ? Quoiqu’il en soit à partir de ce jour ma vie changea radicalement. En bien ? En mal ? Je ne saurai le dire. Pourquoi Père l’avait-elle tué ? Je ne le sus que plus tard cette nuit-là… Je vous avez parlé de rebondissements. Je me suis trompée… ou peut-être ai-je sciemment menti. Alors je préfère avertir ce qui va suivre est d’un manque d’originalité total. Je me perds dans les caricatures et les clichés. Mais c’est ma vie… Alors je ne vous raconterai pas nawack mais simplement la vérité.

Si Père avait tué ma mère c’était que son corps devenait trop flasque, trop vieux. Il ne trouvait plus de plaisir à l’avoir pour femme. Il ne la désirait plus/ Elle ne l’intéressait plus. Et il avait commencé à fantasmer sur quelqu’un d’autre d’autrement plus jeune et plus séduisante. Et cette personne était… n’était rien d’autre que moi. Peut-être voulez-vous savoir ce que j’en pensais… J’aimerai tellement le savoir moi-même. Je ne dirai pas que j’aimais. Ce serait être inconsciente. Je ne pouvais pas dire que je détestais, j’adulai trop père pour le haïr sans l’aimer quand même. Mais je trouvais cela profondément choquant. Alors je dressais des barrières mentales pour me protéger des horreurs qu’il me faisait subir, me montrais cruelle et sèche avec mon entourage. Les caresses qu’il me faisait m’emplissait de dégoût et de peur mais aussi de fierté. J’aurai pu continuer à vivre ainsi mais un jour il alla plus loin, me pénétrant sans gène. Je vous fais grâce des détails mais cela me choqua. Sans réfléchir plus longtemps je profitai de son sommeil pour m’enfuir de la maison. M’exiler dans un endroit où il ne me découvrirait jamais. Ainsi cela fait une semaine que je suis à Mystic Falls… mais je garde et garderai toujours en moi l’image de Père comme le père idéal.

Pas besoin d’être voyant pour se rendre compte que quelque chose d’étrange se passe ici. Et la curiosité étant mon défaut le plus grand je me suis promise de découvrir de quoi il s’agissait.

Vous avez pu lire beaucoup de chose sur moi, sans doute trop. Alors soyez gentils et après m’avoir validé oubliez tout.